05 mai 2011
Les révélations de “M. Propre” créent une onde de choc en Tunisie
M. Farhat Rajhi“Farhat Rajhi : l’homme par qui le scandale arriva ?”, lance sur son blog Nadia from Tunis. L’ancien ministre de l’intérieur du gouvernement Essebsi, dont le “limogeage” avait déjà fait grand bruit en mars, a créé une nouvelle onde de choc en Tunisie. “Comme beaucoup d’entre vous, je me suis retrouvée hier soir, déconcertée au départ, puis partagée entre l’hilarité et l’incrédulité devant la fameuse vraie fausse caméra cachée de Farhat Rajhi”, confie Nadia.
Dans un entretien avec Hamdi Ben Salah, un journaliste blogueur tunisien, filmé selon lui à son insu et diffusé tard mercredi 4 mai, celui que les Tunisiens ont surnommé “M. Propre” a, à nouveau, fait le ménage. Règlement de comptes ou volonté de faire éclater sa vérité ?, se demandent les Tunisiens. Face à la polémique suscitée par cette vidéo, M. Rajhi a répondu par une interview sur Radio Express FM entre 3h et 4h du matin (à écouter en arabe).
Dans la vidéo, l’ancien ministre de l’intérieur revient tout d’abord sur les conditions de son éviction. De la version officielle selon laquelle il aurait démissionné de son poste, M. Rajhi dit tout simplement “le premier ministre [Béji Caïd Essebsi] ment”. Il ajoute que lors de sa tentative de faire le ménage au sein du ministère de l’intérieur, il s’est heurté à beaucoup d’opposition et que les nominations de RCDistes aux postes de gouverneurs ont été faites contre son gré.
Pour Nadia from Tunis, “il n’y a pas de gros doutes là-dessus. BCE en chef d’orchestre aux ordres indiscutables a surement poussé ce bisounours hors du ministère de l’intérieur car ne correspondant pas à ses critères”. Par ailleurs, poursuit-elle, “les nominations douteuses de gouverneurs RCDistes ont par ailleurs déjà fait scandale, et il ne s’agit pas là encore de révélations fracassantes”.
L’interview vidéo de M. Farhat Rajhi (en arabe).
L’ancien juge revient ensuite sur sa nomination, après son “éviction” du gouvernement, à la tête du haut comité des droits de l’homme. “Selon lui, la pression populaire, sur Facebook notamment, lui a valu cette nomination pour faire taire les critiques et les bavardages suite à son départ précipité. Il déclare que Facebook est une arme puissante qui permet de veiller sur la bonne marche du pays”, commente la blogueuse Nadia.
Troisièmement, l’ancien ministre de l’intérieur évoque “l’existence d’une sphère d’influence dirigée par des Sahéliens qui œuvrent pour garder le pouvoir”, rapporte Nadia. Il accuse à cet égard Kamel Ltaief, un ancien proche de Ben Ali, d’être à l’origine de ces manipulations au sommet de l’Etat. Des accusations qui ont été presque immédiatement démenties par l’intéressé dans un entretien sur Radio Mosaique FM jeudi 5 mai au matin.
Pour le blogueur Sami Ben Abdallah, Kamel Ltaief est en effet une personnalité controversée. “Il ne faut pas oublier que c’est Kamel Eltaief qui a été le président bis de la Tunisie de 1987 à 1992 et l’homme qui a inventé le ’système’ Ben Ali. De 1984 à 1987, Kamel Ltaief forme un couple politique avec Zine el Abidine Ben Ali qui l’aurait consulté avant d’entreprendre son coup d’Etat de novembre 1987″, estime le blogueur. “Aux lendemains de la révolution en Tunisie, Mohamed Ghannouchi a commis des fautes politiques impardonnables en faisant appel à Hedi Baccouche, Hakim el Karoui et à Kamel Ltaief afin de le conseiller”, poursuit-il. Ce dernier aurait ainsi fait deux victimes : Abdallah Kallel et Farhat Rajhi.
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