Le président palestinien, Mahmoud Abbas, à la tête du Fatah, et le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, ont parachevé un accord de réconciliation, mercredi 4 mai, lors d'une cérémonie au Caire, à laquelle trois députés arabes israéliens ont participé. Signé la veille, l'accord met un terme à la division entre la Cisjordanie et la bande de Gaza et ouvre la voie à des élections dans un an.
A en croire Mahmoud Abbas, les Palestiniens ont décidé de "tourner pour l'éternité la page noire de la division". De son côté, Khaled Mechaal a indiqué que le Hamas souhaitait l'"établissement d'un Etat palestinien indépendant et souverain en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem pour capitale, sans renoncer d'un pouce y compris au droit au retour".
SCÈNES DE LIESSE À GAZA
Dans la ville de Gaza, environ sept cents manifestants ont défilé jusqu'à la place du Soldat-Inconnu, brandissant le drapeau national palestinien et des fanions verts, pour les islamistes du Hamas, et jaunes, pour les nationalistes du Fatah, dans une atmosphère de fête et d'excitation bon enfant.
Scène de liesse à Gaza.
Scène de liesse à Gaza.AFP/MARCO LONGARI
"C'est la première fois en quatre ans que je peux tenir un drapeau du Fatah à côté des couleurs palestiniennes", s'est réjoui Mahmoud Al-Riati, un ingénieur de 20 ans, enveloppé dans un drapeau palestinien. L'humeur était à l'optimisme après quatre ans de violences, de division et d'animosité entre les deux principales factions palestiniennes, une étudiante de 20 ans saluant "un des jours les plus importants de la cause palestinienne".
UNE "GRANDE VICTOIRE POUR LE TERRORISME"
L'annonce a été saluée par le roi de Jordanie et l'Iran. Mais, de son côté, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a estimé que l'accord était "un coup dur pour la paix et une grande victoire pour le terrorisme". Une réaction dénoncée par Mahmoud Abbas qui accuse le premier ministre israélien d'utiliser la réconciliation palestinienne comme une "excuse" pour éviter des discussions de paix.
Des Palestiniens de Jénine célèbre la réconciliation entre Fatah et Hamas, le 4 mai.
Des Palestiniens de Jénine célèbre la réconciliation entre Fatah et Hamas, le 4 mai.AFP/SAIF DAHLAH
Plus tôt, un responsable israélien avait qualifié l'accord de "poudre aux yeux". Fatah et Hamas "ne s'entendent sur rien, et le meilleur exemple s'est manifesté à propos de la disparition du superterroriste Oussama Ben Laden", a ainsi affirmé le ministre chargé de la défense des civils, Matan Vilnaï, à la radio publique.
Selon lui, le président palestinien aurait dû exiger une "déclaration claire du Hamas portant notamment sur une reconnaissance d'Israël, une condamnation du terrorisme, avant de signer". "Nous formerons un gouvernement de technocrates, et nous n'allons pas demander au Hamas de reconnaître Israël", a répondu Mahmoud Abbas mardi au Caire.
Par ailleurs, Matan Vilnaï a critiqué la décision annoncée dimanche par le ministre des finances, Youval Steinitz, de suspendre un transfert de fonds à l'Autorité palestinienne à la suite de l'annonce de l'accord entre le Fatah et le Hamas. "C'est de l'argent qui appartient aux Palestiniens que nous prélevons pour eux, a-t-il rappelé. Dans cette affaire, nous avons mis la charrue avant les bœufs, nous aurions dû attendre de voir si l'argent n'était pas utilisé comme il fallait avant d'agir."
Israël a gelé le transfert de 300 millions de shekels (59,6 millions d'euros), prélevés pour le compte de l'Autorité palestinienne sur des marchandises transitant par ses ports et aéroports, affirmant vouloir s'assurer qu'aucune partie ne parviendrait au Hamas.
Querelle protocolaire
Un désaccord d'ordre protocolaire de dernière minute est venu perturber la cérémonie de réconciliation et l'a retardée. Le leader du Hamas, Khaled Mechaal, devait-il s'asseoir sur le podium à côté du président palestinien, Mahmoud Abbas, ou plus bas, au milieu des délégués palestiniens ?
"Il y a une querelle d'ordre protocolaire sur le placement des dirigeants", a confié une source palestinienne, qui a requis l'anonymat. "La signature a eu lieu, tout le monde a signé", avait dit auparavant Nabil Chaath, haut responsable du Fatah, juste avant le début de la cérémonie dans la capitale égyptienne. L'accord devait être à l'origine formellement paraphé par MM. Mechaal et Abbas lors de la cérémonie.
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