mardi 1 mars 2011

la démission dimanche du Premier ministre Mohammed Ghannouchi

On craignait déjà une reprise durable des affrontements, mais la démission dimanche du Premier ministre Mohammed Ghannouchi, sous la pression de la rue, a mis fin à 48 heures de violences qui ont fait au moins cinq morts à Tunis. C'est un ancien ministre, Béji Caïd Essebsi, qui a maintenant la délicate tâche de mener le pays jusqu'aux élections prévues avant la mi-juillet.

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«J'ai décidé de démissionner de ma fonction de Premier ministre. (...) Je ne serai pas le Premier ministre de la répression», a déclaré Mohammed Ghannouchi lors d'une conférence de presse, mettant en garde contre «un complot» tramé contre «la révolution». Selon des témoins, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées en soirée devant sa résidence, dans la proche banlieue de Tunis, pour lui exprimer leur soutien.

Béji Caïd Essebsi, plusieurs fois ministre sous Bourguiba

Le nouveau Premier ministre «est connu pour son patriotisme, sa fidélité et son abnégation au service de la patrie», a indiqué le président par intérim Foued Mebazaa. Réputé pour être un libéral, Béji Caïd Essebsi a été plusieurs fois ministre sous la présidence de Habib Bourguiba, notamment à la Défense et aux Affaires étrangères. En revanche, sa nomination est accueillie par les critiques de l'opposition.

«Nous nous attendons à la formation d'un nouveau gouvernement transitoire, en rupture totale avec l'ancien régime et qui fera l'objet d'une entente entre toutes les forces politiques dans le pays», assure notamment l'opposant de gauche Hamma Hammami. De son côté, le secrétaire général adjoint de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), Ali Ben Romdhane, s'interroge : «Comment peut-on s'assurer l'entente souhaitée pour sortir la Tunisie de la situation difficile lorsque le président ne se donne pas au moins 24 heures pour des consultations sur la désignation d'un Premier ministre, quel qu'il soit ?»

Circulation limitée dans le centre de Tunis

Un autre syndicaliste, Abdel Jalil Bedoui, conseiller de l'UGTT, pense que la démission de Mohammed Ghannouchi «va calmer l'opinion publique». Néanmoins, sur la place de la Kasbah, siège du gouvernement à Tunis, se poursuit le sit-in observé depuis une dizaine de jours pour réclamer le départ du Premier ministre. «Nous maintenons notre sit-in jusqu'à la formation d'une Assemblée constituante», explique le coordinateur Mohamed Fadhe, qui exige également la reconnaissance du Conseil de protection de la révolution, un collectif de l'opposition en cours de formation.

La situation reste tendue sur l'avenue centrale Habib Bourguiba, principale artère de Tunis et épicentre de la contestation. Lundi matin, la circulation était limitée et les boutiques et les cafés-trottoir ont gardé leurs rideaux baissés. Des renforts militaires ont été déployés près du ministère de l'Intérieur, principale cible des protestataires ces derniers jours.

LeParisien.fr