La Tunisie confirme le séjour de Longuet aux frais de Ben Ali
Le ministre de la défense français, Gérard Longuet, a séjourné durant deux jours, en 2006, dans un palace tunisien aux frais du régime du président Ben Ali, a indiqué mardi 31 mai un responsable de l'Office national du tourisme tunisien (ONTT). Il était à cette date sénateur de la Meuse et conseiller politique du président de l'UMP, Nicolas Sarkozy.
"Nous avons payé son hébergement et le restaurant. Il a payé les extras", lors d'un séjour du 10 au 12 août 2006, a déclaré le chef du service marché français de l'ONTT, Amine Hajri, confirmant des informations révélées par l'hebdomadaire les Inrockuptibles, à paraître mercredi. "Il existe des conventions entre l'ONTT et cet hôtel, nous ne payons pas les prix affichés", a toutefois ajouté ce responsable tunisien, sans préciser le montant du séjour.
"Je confirme qu'il a séjourné dans l'hôtel" et "c'est l'Office national du tourisme tunisien qui a réservé", a affirmé, lundi, Karima Ben Moussa, la responsable du service commercial de l'hôtel cinq étoiles The Residence de Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis, après avoir consulté les fichiers de réservation.
PAS DE SOUVENIR
L'entourage de M. Longuet a lui aussi confirmé, lundi, que ce dernier avait bien séjourné dans cet hôtel. Quant au règlement de la facture, M. Longuet a dit aux Inrockuptibles ne pas se souvenir "d'avoir été invité". "Il est possible que cela se soit fait, je ne m'en suis pas personnellement occupé et je ne me suis pas posé la question (...). Mais si le gouvernement tunisien a le sentiment que je n'ai pas payé, je peux lui envoyer un chèque tout de suite, ça ne me pose pas de problème", a-t-il ajouté. Prié par des journalistes de dire s'il envisageait une démission, Gérard Longuet a répondu en marge de la présentation du futur ministère français de la Défense qu'il excluait toute démission tout en se disant prêt à rembourser.
Gérard Longuet, alors élu au Sénat et conseiller de Nicolas Sarkozy à la direction de l'UMP, a expliqué qu'il s'était rendu en août 2006 avec un ami à bord d'un voilier dans un port tunisien, où il avait fourni son nom et avait été reconnu. Par la suite, il s'est rendu dans un hôtel pour y passer la nuit. Là, il dit avoir accepté l'invitation à déjeuner d'un responsable de l'office du tourisme tunisien qui voulait, selon le ministre français, parler de voile. Le reste résulterait d'un malentendu avec son ami français. "On était deux, l'autre a pensé que c'était moi qui avait payé, moi j'ai pensé que c'était lui. Si on m'envoie une facture, je la paye de bon coeur. Deux cents euros, je ne vais pas passer la journée là-dessus", a dit Gérard Longuet. Il a expliqué avoir passé deux nuits dans cet hôtel. Selon Les Inrockuptibles, il s'agit d'un hôtel cinq étoiles de la banlieue de Tunis et l'ami de Gérard Longuet est le journaliste économique Jean-Marc Sylvestre, dont le séjour a également été pris en charge par les autorités tunisiennes.
Le régime autoritaire du président tunisien Ben Ali a chuté en janvier sous la pression de la rue, après vingt-trois ans de dictature. Fin février, la ministre des affaires étrangères française, Michèle Alliot-Marie, violemment critiquée depuis des semaines notamment pour les conditions dans lesquelles elle avait passé ses vacances de Noël en Tunisie, a été contrainte à la démission. "Je ne connais pas la situation de Michèle Alliot-Marie, je connais la mienne, quand j'ai une facture je la paye", a répliqué, mardi, le ministre à des journalistes qui l'interrogeaient sur cette affaire.
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