vendredi 1 avril 2011

Frédéric Mitterrand… La nouvelle va sans doute provoquer une certaine ébullition en Tunisie

Tunis, envoyée spéciale - Ils espéraient Alain Juppé, ils auront Frédéric Mitterrand… La nouvelle va sans doute provoquer une certaine ébullition en Tunisie quand elle sera rendue publique : le ministre de la culture français se rendra en visite officielle à Tunis les 2 et 3 avril. Quant à M. Juppé, dont on envisageait la venue le 31 mars, sa visite est repoussée à une date ultérieure, le responsable du Quai d'Orsay devant finalement se rendre en Chine à ce moment-là.

De toutes les visites de ministres français à Tunis depuis la chute de Ben Ali, le 14 janvier, celle de Frédéric Mitterrand s'annonce comme la plus délicate. Le ministre de la culture est ici perçu comme faisant partie des nombreux responsables français qui ont fait preuve de complaisance envers le dictateur tunisien du temps où celui-ci écrasait le pays sous une chape de plomb et se comportait en mafieux. Pis : c'est ce même Frédéric Mitterrand qui, le 9 janvier, en pleine répression du soulèvement populaire par la police tunisienne, avait jugé "tout à fait exagéré" de qualifier la Tunisie de Ben Ali de "dictature univoque".

"TRISTE PANTALONNADE"

Tenus quelques jours après que la ministre des affaires étrangères de l'époque, Michèle Alliot-Marie, eut proposé le "savoir-faire" des forces de sécurité françaises au régime Ben Ali, ces propos avaient déclenché en Tunisie la stupeur et la consternation. Un peu plus tard, Frédéric Mitterrand faisait volte-face et présentait ses excuses au peuple tunisien dans une lettre ouverte publiée le 23 janvier par l'hebdomadaire de Tunis Réalités. "Alors que le peuple tunisien est parvenu par ses seules forces à se débarrasser de la chape de plomb qui pesait sur lui, je regrette profondément que mon attitude et les expressions qu'il m'est arrivé d'utiliser aient pu offenser des gens que j'ai toujours voulu aider et que j'admire et que j'aime", plaidait Frédéric Mitterrand.

Mais le mal était fait, et quand le ministre français tenta, maladroitement, de justifier la nationalité tunisienne qui lui avait été octroyée par le président Ben Ali dans les années 1990, il parut s'enfoncer un peu plus. "Il se trouve que, sans doute, peut-être, le régime a essayé de me récupérer en me donnant la nationalité, mais je n'ai pas fait de compromis, aucun", assura-t-il sur France Inter. "Triste pantalonnade" fut l'un des commentaires les plus charitables que l'on put lire alors sur les journaux tunisiens en ligne, tel Kapitalis.