vendredi 19 août 2011

La frontière égyptienne, un nouveau « front » pour Israël

La frontière égyptienne, un nouveau « front » pour Israël
La station balnéaire israélienne d'Eilat a cette particularité d'être à un des rares carrefours entre quatre Etats : Israël, l'Egypte, la Jordanie, et l'Arabie saoudite. C'est cette zone qui s'est enflammée jeudi, avec l'attaque de deux bus israéliens, faisant quatorze morts (sept Israéliens et sept assaillants) et des dizaines de blessés, des échanges de tirs le long de la frontière israélo-égyptienne, et des affrontements entre soldats israéliens et des hommes armés.

La première attaque a visé un bus de la compagnie Egged faisant la liaison Bersheba-Eilat, à travers le désert du Neguev, à une vingtaine de kilomètres au nord d'Eilat. Lorsque les forces israéliennes sont arrivées, elles ont été accueillies par des engins explosifs. Elles ont ensuite subi plusieurs attaques au mortier ou à la roquette, en provenance d'Egypte ou sur le sol israélien. Une voiture privée a elle aussi été prise pour cible.

Au cours de leurs opérations de poursuite, les forces israéliennes ont détruit un véhicule des assaillants et tué plusieurs membres du commando.

Une nouvelle fusillade a éclaté dans la soirée non loin de l'endroit où les responsables tenaient une conférence de presse. Deux personnes ont été grièvement blessées.

La question qui se pose est de savoir qui sont les auteurs de cette attaque d'une intensité, et avec des moyens inhabituels, et dans une zone elle aussi peu atteinte, jusqu'ici, par les attentats ou les attaques.

Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a affirmé que les attaques « venaient de Gaza » et a menacé de « réagir avec toute la force et la détermination » nécessaires. Le Hamas a toutefois démenti et a affirmé pour sa part qu'il n'y avait aucun lien entre la bande de Gaza, le territoire palestinien situé bien plus à l'Ouest que la zone des incidents, et ces attentats.

Quelques heures après l'incident, les avions israéliens attaquaient le sud de la bande de Gaza, tuant six personnes dont un cadre du Hamas. On ignore si le raid était lié aux événements d'Eilat.

Selon le site du quotidien Haaretz, les attaques de jeudi « ne constituent pas une surprise pour les responsables de la sécurité israélienne », qui s'attendaient à ce que des incidents se produisent « à un moment ou à un autre ».

De fait, le désert du Sinaï, un immense territoire sous-peuplé situé en Egypte, de l'autre côté de la frontière avec Israël, est devenu un refuge pour de nombreux groupes armés profitant de la baisse d'intensité du contrôle par l'Etat égyptien dans la foulée du renversement de Hosni Moubarak : des groupes affiliés à Al Qaeda, des membres du Hamas palestinien, des bédouins en armes, des islamistes radicaux égyptiens…
L'armée égyptienne dans le Sinaï

A la suite de plusieurs incidents militaires, notamment sur le pipe-line reliant l'Egypte à Israël, l'armée égyptienne a effectué il y a quelques jours seulement une vaste mobilisation avant le lancement d'une opération destinée à reprendre le contrôle de la péninsule.

Israël, qui garde un droit de regard sur le nombre de troupes égyptiennes présentes dans le Sinaï en vertu des accords de démilitarisation qui ont été signés lors du retour de ce désert à l'Egypte en 1982, a donné son feu vert au déploiement des troupes égyptiennes contre ces groupes armés. Il existe une force internationale stationnée dans le Sinaï depuis son retour à l'Egypte, mais son mandat ne porte pas sur le contrôle de tels groupes armés.

Ces attaques ne correspondent en tous cas pas au modus operandi des attentats visant Israël, ni les attentats suicides commis par des kamikaze islamistes, ni les attaques à la roquette lancées sur les centres urbains à partir de sanctuaires à Gaza. Ils ressemblent plus à des opérations de guérilla à l'ancienne, avec des moyens et des effectifs relativement importants.

Ces opérations interviennent dans un contexte particulier, à la fois sur le plan interne israélien avec la vague de contestation sociale, mais surtout avec l'approche de l'échéance du 20 septembre, date à laquelle les Palestiniens ont annoncé qu'ils demanderaient à l'assemblée générale des Nations unies la reconnaissance d'un Etat sur les territoires conquis par Israël en 1967.
source rue89